Ok, je vous entends déjà, alors j'y consens : nous ne sommes pas devant un chef d'oeuvre. De la chick litt, tout au plus. Mais j'avoue avoir passé des bons moments en lisant ce livre. La légèreté, la frivolité du propos, la plongée dans la vie londonienne ont été bénéfiques pour mon printemps caniculaire et pas de tout repos. Alors rien que la description d'une Française par Rachel Johnson m'a offert un sourire. Si vous avez besoin de retrouver le sourire, foncez!
Clare et Mimi habitent toutes deux dans le quartier de Notting Hill, sur un square privé. Privilégiées de la capitale anglaise, elles semblent pourtant au bord du gouffre. De rendez-vous chez le coiffeur en déjeuner papotage dans le dernier restaurant à la mode, rien en semble les combler. Alors, oui, elles sont énervantes mais aussi attachantes! Et par la même, le reflet de certains pans de notre société : on voudrait être zen, anti-consumeriste, au plus près de la nature, et on pleure à chaude larmes devant une armoire pleine sur un air de "je n'ai rien à me mettre". La vie est pleine de contradictions!
Virginie.
Plus svelte que mince, elle est d'une élégance délicate et discrète qu'aucune Anglaise ne peut espérer acquérir . Toujours légèrement bronzée, elle a les cheveux d'un blond pâle qui tombent en cascade sur ses épaules. Quand elle tourne la tête, ils bougent divinement et reprennent immédiatement leur place : une vraie pub pour shampooing! Dans la journée, son uniforme ne varie pas : chemise blanche impeccable dont le col, les manchettes et les pans émergent d'un chandail en laine bien ajusté. Parfois elle se dégage le front en ramenant ses cheveux en arrière avec un ruban style Alice au Pays des Merveilles, s'enroule dans un grand cardigan en cachemire porté sur un corsaire : très Brigitte Bardot à ses débuts.
Virginie est la star du square. Quand elle apparaît, les hommes la déshabillent du regard et ne s'arrêtent que lorsque leurs femmes leur bourrent les côtes de coups.
Patrick en fait autant, surtout quand elle est de dos et qu'il peut apprécier son derrière. Elle est supermince, mais elle a une paire de fesses comme on en voit dans les vitrines des pharmacies françaises. Gideon a consacré sa vie à étudier ces publicités contre la cellulite et adore contempler les photos presque pornos de corps bronzés allongés sur le sable. Après avoir eu trois enfants, Virginie n'a nul besoin de crème pour raffermir son derrière, ce qui tient du miracle si j'en crois mes copines qui prétendent que leurs fesses se sont écroulées après leurs accouchements. Elle est aussi sensationnelle en "culottes" -ou en short de ville comme disent les magazines de mode - et en ballerines, la tenue la moins seyante du monde. Quand je l'ai fait remarquer à Gideon, il m'a répondu en se léchant les babines qu'elle devait être encore mieux sans-culotte. J'ai froncé les sourcils et aussitôt changé de sujet. Sally Avery s'est-elle aperçue de quelque chose? Elle n'est pas du genre à fermer les yeux.
Mathieu et Virginie ont Guy, un gamin de neuf ans aux gros genoux. Et puis les jumelles, Capucine et Clementine, toujours vêtues à l'identique de robes en coton rose pâle, d'un cachemire assorti, de socquettes blanches et de babies roses de chez Bonpoint.
Inutile de préciser que les enfants Lacoste sont bilingues et qu'ils vont ou iront tous au Lycée français. Virginie est donc la seule mère de famille de l'ouest de Londres que l'éducation de sa progéniture ne stresse pas. Cela la libère énormément et lui permet de faire des tas de choses, avec cent pour cent de réussite. Non seulement elle a apparemment un nouvel amant. Mais elle a trois enfants. Et un mari. Et trois maisons dans deux pays (deux en France, une ici). Et, en plus, elle mange - ce qui est exaspérant.
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