mercredi 24 juin 2009

"Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates" de Mary Ann Shaffer et d'Annie Barrows



Après avoir lu plusieurs critiques dithyrambiques dans diverses revues, j'ai fini par me laisser convaincre par Cathy de lire ce roman.


Il est vrai que le titre à lui tout seul est porteur de promesses: l'humour anglais et son excentricité m'ont toujours attirée et mes envies d'Angleterre étant très fortes en ce moment, je n'allais pas me priver. Ecrit par une ancienne bibliothécaire et libraire américaine (eh oui!), Mary Ann Shaffer, en collaboration avec sa nièce, Annie Barrows, ce roman épistolaire est drôle et émouvant. Sa forme peut laisser dubitatif au premier abord. Mais dès les premiers lettres les soupçons sont écartés: la vie est bel et bien là, le rythme est soutenu et on le dévore comme un roman policier: chaque lettre appelle la suivante.


L'action se situe en 1946. Juliet, jeune écrivain, a connu un petit succès en écrivant des chroniques pendant la guerre. Elle reçoit un jour une lettre de Guernesey: quelqu'un est en possession d'un livre qui lui a appartenu. Cette personne fait partie du "Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates", créé pour détourner l'attention des Allemands, occupants de l'île jusqu'en 1945. Au fil des correspondances de liens se créent et Juliet cherche à comprendre la vie sous l'Occupation de cette petite communauté si attachante.


Chaque aspect de la guerre est traité avec humour, sentiment et pertinence. J'ai beaucoup aimé ce détachement, ce recul face à l'horreur comme face aux événements anodins. Il n'y a rien de larmoyants dans ce livre et pourtant les choses ne sont pas prises à la légère. C'est vraiment un livre que je recommande.


Voici la première lettre reçue de Guernesey:


De Dawsey Adams, Guernesey
île Anglo-Normandes, à Juliet


12 janvier 1946


Miss Juliet Ashton
81 Oakley Street
Chelsea Londres SW3


Chère Miss Ashton,


Je m'appelle Dawsey Adams et j'habite une ferme de la paroisse de St. Martin, sur l'île de Guernesey. Je connais votre existence parce que je possède un vieux livre vous ayant jadis appartenu, les Essais d'Elia, morceaux choisis, d'un auteur dont le véritable nom était Charles Lamb. Votre nom et votre adresse étaient inscrits au verso de la couverture.


Je n'irai pas par quatre chemins: j'adore Charles Lamb. Aussi, en lisant morceaux choisis, je me suis demandé s'il existait une oeuvre plus vaste dont auraient été tirés ces extraits. Je veux lire ces autres textes. Seulement, bien que les Allemands aient quitté l'île depuis longtemps, il ne reste plus aucune librairie à Guernesey.


J'aimerais solliciter votre gentillesse. Pourriez-vous m'envoyer le nom et l'adresse d'une librairie à Londres? Je voudrais commander d'autres ouvrages de Charles Lamb par la poste. Je voudrais aussi savoir si quelqu'un a déjà écrit l'histoire de sa vie, et, si oui, essayer de m'en procurer un exemplaire. Pour brillant et spirituel qu'il était, Mr. Lamb a dû traverser des moments de profonde tristesse au cours de son existence.


Charles Lamb m'a fait rire pendant l'Occupation, surtout son passage sur le cochon rôti. Le Cercle des amateurs de littérature et de tourte aux épluchures de patates de Guernesey est né à cause d'un cochon rôti que nous avons dû cacher aux soldats allemands - raison pour laquelle je me sens une affinité particulière avec Mr. Lamb.


Je suis désolé de vous importuner, mais je le serai encore plus si je n'arrive pas à en apprendre davantage sur cet homme dont les écrit ont fait de moi son ami.


En espérant ne pas vous causer d'embarras,
Dawsey Adams


PS: Mon amie Mrs. Maugery a, elle aussi, acheté un pamphlet qui vous a jadis appartenu. Il s'intitule Le buisson ardent est-il une invention? La Défense de Moïse et des dix commandements. Elle aime votre annotation dans la marge "Parole divine ou contrôle des masses????" Avez-vous tranché?

lundi 22 juin 2009

"Le libertin" d'Eric-Emmanuel Schmitt





"Le libertin" est une pièce courte, une comédie libertine et légère, qui tourne autour du désir, de la séduction. Elle rappelle les "Liaisons dangeureux", la perversion en moins. Cependant, moi qui suis une grande fan de lecture de pièces de théâtre, je suis restée un peu sur ma faim. Je pense qu'elle mérite d'être vue jouée, incarnée, pour prendre vie et donner toute sa dimension.

vendredi 19 juin 2009

"Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" d'Harper Lee



Oups! Je vois qu'on s'inquiète. Non, non, Jolie Princesse n'a pas encore pointé le bout de son nez. Elle laisse sa maman livre à loisir. D'ailleurs, merci au planificateur de billets qui va me permettre de vous conter mes dernières aventures littéraires la semaine prochaine alors que je serai amener à délaisser mon PC! ;)
"Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" a pris place dans ma bibliothèque par hasard. Ce printemps, ma maman est venu en vacances avec ce livre sous le bras, l'a fini ici et me l'a laissé. Je crois que je n'aurais jamais fait le pas vers ce récit. Et cela aurait été dommage.


Couronné du prix Pulitzer en 1961, ce roman fait écho à la lutte pour les droits civiques des Noirs aux Etats-Unis. L'histoire est simple: "Dans une petite ville d'Alabama, à l'époque de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Avocat intègre et rigoureux, il est commis d'office pour défendre un Noir accusé d'avoir violé une Blanche." Outre son humanisme et sa pertinence, il séduit également par l'oeil porté sur le récit. En effet, c'est Scout, petite fille âgée de 7 ans, qui raconte l'histoire. Avec ses yeux d'enfants, le langage est simple, les souvenirs vivaces, les sentiments forts. Ce livre peut être mis entre toutes les mains, entre 10 et 90 ans, si j'ose dire. On peut le lire enfant, le prendre pour un roman initiatique et le reprendre des années plus tard, et comprendre sa portée politique à l'époque où il a été écrit. Ajoutez à cela que l'écriture est vive, qu'il se lit avec délice et vous comprendrez qu'il peut faire un parfait compagnon de vacances, pour ne pas bronzer idiot!


Voici un petit extrait: la nouvelle se repend qu'Atticus va défendre un Noir:


- Tu vas retirer ça, et vite!
Cet ordre que je donnai à Cecil Jacobs marqua le début d'une période pénible pour Jem et moi. Les poings serrés, j'étais prête à le frapper. Atticus m'avait promis que, s'il apprenait que je m'étais encore battue, il me ferait définitivement passer l'envie de recommencer; j'étais beaucoup trop grande pour m'adonner à de tels enfantillages et plus vite j'apprendrais à me contenir mieux ce serait pour tout le monde. Cela me sortit vite de la tête.
Ce fut la faute de Cecil Jacobs. La veille, il avait annoncé dans la cour de récréation que le père de Scout Finch défendait les nègres. Je niai, mais en parlai à Jem.
- Qu'est-ce qu'il voulait dire? demandai-je.
- Rien. Interroge Atticus, tu verras.
Ce que je fis le soir même.
- Tu défends les nègres, Atticus? lui demandai-je le soir même.
- Bien sûr. Ne dis pas "nègre", Scout, c'est vulgaire.
- Tout le monde dit ça, à l'école.
- Désormais, ce sera tout le monde sauf toi...
- Eh bien, si tu ne veux pas que je parle de cette manière, pourquoi m'envoies-tu à l'école?
Mon père me regarda, l'air amusé. Malgré notre compromis, depuis la dose que j'avais absorbée le premier jour, j'avais poursuivi, sous une forme ou une autre, ma campagne contre l'école: au début du mois de septembre, j'avais été frappée de faiblesses, de vertiges, de difficultés gastriques. J'allai jusqu'à payer dix cents le privilège de me frotter la tête contre celle du fils de la cuisinière de Miss Rachel qui souffrait d'une teigne spectaculaire. Mais cela ne prit pas.
J'avais cependant une autre occupation:
- Tous les avocats défendent les n... Noirs, Atticus?
- Bien sûr que oui, Scout.
- Alors pourquoi Cecil a-t-il dit que tu défendais les nègres? On aurait cru que tu faisais quelque chose d'illégal.
Atticus poussa un soupir.
- C'est simplement que je défends un Noir du nom de Tom Robinson. Il habite ce petit quartier qui se trouve au-delà de la décharge publique. Il fait partie de l'église de Calpurnia et elle connaît bien sa famille. Elle dit que ce sont des gens honnêtes. Tu n'es pas assez grande pour comprendre certaines choses, mais d'aucuns prétendent, dans cette ville, que je ne devrais pas me fatiguer à défendre cet homme. C'est un cas spécial, le procès n'aura pas lieu avant la session d'été. John Taylor a eu la gentillesse de nous accorder un report...
- Si tu ne devrais pas le défendre, pourquoi le fais-tu quand même?
- Pour plusieurs raisons, dit Atticus? La principale étant que si je ne le faisais pas je ne pourrais plus marcher la tête droite, ni représenter ce comté à la Chambre des représentants, ni même vous interdire quoi que ce soit à Jem ou à toi.
- Alors, si tu défendais pas cet homme, Jem et moi on n'aurait plus besoin de t'écouter?
- C'est à peu près cela.
- Pourquoi?
- Parce que je ne pourrais plus vous demander de faire attention à ce que je vous dis. Vois-tu Scout, il se présente au moins une fois dans la vie d'un avocat une affaire qui le touche personnellement. Je crois que mon tour vient d'arriver. Tu entendras peut-être de vilaines remarques dessus, à l'école, mais je te demande une faveur: garde la tête haute et ne te sers pas de tes poings. Quoi que l'on te dise, ne te laisse pas emporter. Pour une fois, tâche de te battre avec ta tête... elle est bonne, même si elle est un peu dure.
- On va gagner, Atticus?
- Non, ma chérie.
- Alors pourquoi...
- Ce n'est pas parce qu'on est battu d'avance qu'il ne faut pas essayer de gagner.
- Tu parles comme le cousin Ike Finch, dis-je.

lundi 15 juin 2009

En dilettante

"Pffff...."


Je sens que la semaine va être pauvre au niveau blog. Jolie Princesse commence à trouver son nid inconfortable et, même si son arrivée est prévue le 3 juillet, le grand monsieur en blouse blanche ne semble pas tout à fait d'accord. Et je partage son avis: je me traîne, je contracte, je respire et révise mes exercices de poussée. J'organise la valise, les valises plutôt: les affaires de la Miss, les miennes, celle pour le moment M du jour J, la liste des choses à ajouter au dernier moment (ne pas oublier l'appareil photo, les piles, les revues, mon armoire à cuillère et mon poêle à mazout...). Le Prince Charmant refait la liste des numéros de téléphone à appeler après, celui de ceux à appeler avant pour ne pas que Petit Bonhomme dorme à la maternité (oui, selon lui, un accouchement c'est forcément la nuit)... Avec tout ça, je passe de plus en plus de temps sur le canapé à lire qu'à pianoter sur le PC. Donc j'ai des billets en tête mais pas forcément de temps pour les écrire...


Quand je vous disais "Pffff...."

mercredi 10 juin 2009

Tout un jeu de Saveurs


Je ne suis guère originale et passablement paresseuse. On mettra ça sur le dos de Jolie Princesse. Mais j'ai craqué, à nouveau, pour le dernier numéro de Saveurs. Et ce fut une bonne inspiration. Pensez donc, quatre recettes de lapin, moi qui adore ça. Nous avons testé la première dimanche dernier (je me suis fait un petit plaisir pour la fête des Mères!). A part le fait de prendre des champignons entiers en boîte faute de beaux champignons de Paris chez le primeur et de l'avoir dégusté avec un chardonnay d'Arbois vinifié à la Jurassienne (merci André et Mireille pour ce merveilleux Graviers 1999!), je n'ai pas changé une virgule de la recette... Le verdict familial est tombé: délicieux! La marinade au cidre donne à la viande un petit goût acidulé et beaucoup de tendresse. Nous le testerons la prochaine fois avec quelques quartiers de Granny plongés 15 minutes avant la fin de la cuisson.


Civet de lapin au cidre


  • 1 lapin de 1,2 kg, coupé en morceaux
  • 75 cL de cidre
  • 1 oignon
  • 1 carottes
  • sel, poivre, thym
  • 2 cuillères à soupe de farine
  • 40 cL de crème fraîche épaisse
  • 1 petite boîte de champignons de Paris entiers
  • 200 g de lard fumé
  • huile

La veille, mettre le lapin avec l'oignon émincé et la carotte épluchée et coupée en rondelles, dans un saladier. Saler, poivrer, ajouter un peu de thym et recouvrir avec le cidre. Couvrir d'un film et mettre au réfrigérateur pour toute la nuit.

Le lendemain, faire chauffer un peu d'huile dans une cocotte. Faire dorer les morceaux de lapin. Saupoudrer de farine et ajouter le cidre (on peut ôter les morceaux de lapin pour bien délayer le roux) puis les rondelles d'oignon et de carotte, les champignons. Faire cuire 45 minutes à feu doux et à couvert.

Couper le lard en gros lardons et les faire revenir dans une petite poêle, sans matière grasse.

Sortir les morceaux de lapin, verser la crème. Au premier bouillon, réduire le feu et faire cuire 5 minutes (si la sauce n'est pas assez lisse, on peut la filtrer à ce moment-là). Remettre les morceaux de lapin, les lardons et cuire encore 10 à 15 minutes, à feu doux.

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mardi 9 juin 2009

Et encore un blog culinaire!


La semaine dernière, j'ai été très inspirée. Je ne suis pas sûre de suivre le rythme. Je commence à me traîner largement et ma balance, même si elle me donne l'explication, ne me console pas. Si je n'avais qu'une chose à dire cette semaine, ce serait de conseiller d'aller voir le blog d'Eleonora, jolie Strasbourgeoise aux origines italiennes (je le précise, sa cuisine sent tellement le soleil) et au goût prononcé pour la couleur rouge. En plus, le nom de son blog est poétique à souhait: Au fil de mes rêves d'amour... et de mes recettes de cuisine et traduit son univers, lui aussi poétique, frais, simple et gourmand.
Comment ne pas craquer quand on vous propose des petits déjeuners aussi charmants?




ou de ravissants gnocchis à la noisette?



photos: Eleonora

PS: je suis de plus en plus attirée par le rouge, le rose. Vous croyez que c'est l'effet Jolie Princesse???

vendredi 5 juin 2009

En direct de la blogo!

Vous voulez tout savoir sur "la vie de mes cheveux"? c'est par là que ça se passe...

Merci à Flannie d'avoir pensé à moi!

jeudi 4 juin 2009

Le rouge aux joues

Nous avons voisins sympas. Toujours un bonjour, un petit mot, dans un sens comme dans l'autre. En fait, on ne se connaît pas beaucoup, la plupart sont plus âgés que nous mais presque tous ont un jardin (ou des enfants qui ont un jardin). Et depuis la naissance de Petit Bonhomme, c'est un rituel, ils nous font goûter leur production. C'est comme ça que Petit Bonhomme, qui jouait dehors, est venu me trouver avec un petit panier de cerises. Comme je suis la seule à les aimer crues et que je ne voulais pas laisser périr ces merveilles, j'ai fait des petits clafoutis. La prochaine fois, je tenterai la recette d'Eléonora.


Clafoutis aux cerises, très vanillé

(pour 6 ramequins individuels)

  • 250g de cerises
  • 80g de farine
  • 100g de sucre
  • 2 sachets de sucre vanillé
  • 1 cuillère à café de poudre de vanille
  • 1 pincée de sel
  • 3 oeufs
  • 170ml de lait entier
  • beurre

Préchauffer le four à 180° (thermostat 6).

Dénoyauter les cerises (c'est sans doute meilleur avec les noyaux, mais je ne peux me résoudre à devoir cracher à chaque bouchée!).

Dans un saladier, mélanger la farine, le sucre, le sucre vanillé, le sel, la vanille en poudre. Ajouter les oeufs puis le lait.

Beurrer 6 ramequins individuels, y déposer des cerises dans chacun. Verser dessus la pâte du clafoutis. Mettre au four 30 minutes.

Quand les clafoutis sont dorés, les sortir du four et les laisser refroidir.

Note: je regrette de ne pas avoir eu d'extrait d'amande amère. J'aurais alors remplacé la vanille par cet extrait pour renforcer le goût de la cerise.

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mercredi 3 juin 2009

"Sale temps" de Sara Paretsky

Voilà un roman policier que j'ai eu plaisir à découvrir. Je n'avais jamais suivi les aventures de la détective privée de Chicago, Vic Warshawski. Du haut de sa quarantaine bien tassée, avec ses faux airs de garçon manqué, elle ne manque ni de pêche, ni de courage. Cet épisode nous fait entrer dans un monde de corruption et de gros sous, de le milieu carcéral américain aussi. L'intrigue est bien ficelée et on y prend du plaisir. De quoi bien préparer les prochaines siestes estivales...


L'extrait suivant se situe au début du roman (il est dur d'en sortir un élément assez long sans devoir tout expliquer). Vic a assisté à une soirée organisée pour le lancement d'une chaîne télévisée à gros budget. Elle n'aime pas ce genre de mondanités. En rentrant, elle a manqué d'écraser une pauvre femme, déjà bien amochée qui gisait sur la route.


Cette dernière phrase me fit bondir hors de ma chaise, si brusquement que Peppy en aboya. Pauvre salope ratatinée, avec ses cinquante liftings, contrariée parce que j'avais eu le malheur de marcher sur son précieux pantalon Chanel! Moi, lorgner sur les miettes d'un festin hollywoodien? Quand à sous-entendre que j'en pinçais toujours pour Murray... J'ignore laquelle des deux insinuations me blessait le plus. Certes, Murray et moi avions eu une aventure, mais c'est une histoire tellement ancienne qu'il n'en reste pas le moindre vestige. Loin de me morfondre de notre rupture, quelques semaines m'avaient suffi pour comprendre quelle erreur j'avais commise en couchant avec un type à ce point dévoré d'ambition. Qui s'était donné la peine d'aller en souffler mot à Regine Mauger? Murray? Par rancune de me voir si peu enthousiaste pour ses débuts télévisuels?
- Ce type est aussi à l'aise devant une caméra que des puces sur un chien! lançai-je hargneusement.
L'article me rappela qu'Alexandra Fisher était censée avoir fait ses études de droit dans la même promotion que moi. Pendant que Mr Contreras poursuivait la lecture besogneuse des annonces, je me dirigeai vers le placard du couloir et sortis le coffre dans lequel je conserve un tas de souvenirs du passé. Sur le dessus se trouvait la robe de concert de ma mère, enveloppée dans du papier de soie. Je ne pus résister à la tentation d'entrouvrir un instant le papier pour caresser du doigt les pièces de dentelle argentée, la soie noire si douce. Effleurer cette étoffe évoqua sa présence avec autant de force que si elle s'était tenue dans la pièce d'à côté. Ma mère m'a toujours poussée à être indépendante, à ne pas me contenter des compromis qu'elle-même avait acceptés par souci de sécurité. Serrant sa robe entre mes mains, je n'aurais rien désiré tant que de l'avoir encore à mes côtés, pour me protéger contre le monde et les coups plus ou moins durs qu'il inflige.
Avec résolution, je posai la robe sur le côté, et fouillai dans le coffre où je finis par dénicher l'annuaire des anciens élèves de la fac. Il y avait un Michael Fisher, un Claud, mais pas d'Alexandra. J'allais refermer l'annuaire quand mon regard s'arrêta sur le nom qui figurait juste au-dessus de Claud Fisher. Sandra Fishbein. Sur la photo en vis-à-vis on apercevait un visage à l'expression pétulante, doté d'une grande bouche et surmonté d'une folle tignasse bouclée épaisse de quinze bons centimètres. Sortir deuxième de notre promotion, elle était ce que la direction de la fac appelait une va-t'en-guerre. Je me souviens de la fois où elle s'en était prise à moi parce que je refusais de participer au sit-in qu'elle proposait d'organiser afin d'obtenir des toilettes séparées pour les étudiantes.
- Toi, une fille d'origine populaire! m'avait-elle haranguée. Tune vas tout de même pas laisser l'establishment se payer ta tronche!
Un argument qui revenait souvent dans sa bouche. Je me souvenais parfaitement de la scène. Elle était issus d'un milieu où les enfants se voyaient offrir un voyage en Europe à la fin de leurs études secondaires. Du fait de mes origines modestes - j'étais peut-être bien la seule de la promotion dans ce cas -, elle se sentait tenue d'obtenir mon soutien ou mon estime; je n'ai jamais pu trancher entre les deux.
- L'establishment, tu en fais partie! avais-je rétorqué. Quant à ta pauvre tronche, je m'en fiche pas mal!
- Si tu refuses d'oeuvrer pour le progrès, avait-elle riposté, tu fais le jeu des réac'!
Le temps de joutes oratoires paraissait bien loin. A la fin de nos études, elle avait applaudi mon choix de travailler à l'aide judiciaire; elle-même était devenue l'assistante d'un juge à la pointe du combat progressiste.
Et bien! Notre chère gauchiste avait émigré vers Hollywood, rasé son auréole ébouriffée, changé de nom, fait le ménage dans ses convictions politiques.
Je comprenais mieux son regard bravache d'hier soir. Je remis l'annuaire à sa place.

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mardi 2 juin 2009

Zig! Zig! Zig! Hourra!

Bien que nous ayons plus de temps devant nous, Petit Bonhomme se lève toujours aussi tôt en semaine (bon, ok, 7:30, ce n'est pas la mer à boire non plus, je peux bisouter le Prince Charmant avant qu'il n'aille accomplir son dur labeur). Le chant des oiseaux et les premiers rayons du soleil sont encourageants. Alors pour tuer le temps, je me promène sur la toile. Je ne sais parfois pas où, et cela tourne vite court. Mais hier matin, j'ai découvert un des blogs de Barbara Berrada, photographe et designer. J'aime bien son travail, frais et léger, un brin vintage.



Elle a un blog de déco, Like a butterfly in your house. Rien que sa bannière me fait craquer et évoque bien son univers: de la fraîcheur, de l'éclat, de la lumière. Mais tout n'est pas blanc chez Barbara et elle a un vrai talent pour réveiller les couleurs, leur permettre une présence qui n'écrase rien mais illumine encore plus.




Mais son talent ne se limite pas à ce blog et on peut trouver ses créations sur sa boutique en ligne, le Zigouishop. On retrouve ses photos mais aussi ses créations maison comme ses petits sacs adorables, dont le Mademoiselle Aneth qui ne pouvait pas me laisser indifférente!


On retrouve aussi ses créations sur le blog collectif The small snow shop, mini-boutique en ligne également, sur laquelle on trouve des photos, des vêtements pour enfant, des plaids pour bébé, etc...

Tout cela me donne envie de rêver, de reprendre (enfin) ma machine à coudre et de concrétiser tout ce qui me trotte dans la tête depuis si longtemps. Jolie Princesse me laissera-t-elle le temps de retrouver ma boîte de couture?

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lundi 1 juin 2009

Envie de poisson

Le mercredi, chez nous, c'est le jour des enfants, comme partout, mais c'est aussi jour de marché. Maintenant que j'ai tout mon temps, et, entre autres, mon mercredi matin, j'emmène Petit Bonhomme et son mini-panier et nous allons faire le marché. J'en profite avant tout pour acheter du poisson frais et des petits légumes. Mes envies de la semaine dernière? Du saumon et du poivron. Voilà une petite recette toute simple pour les accomoder ensemble.


Saumon rôti et sauce aux deux poivrons

(pour 2 personnes)





  • 2 pavés de saumon
  • 1 poivron rouge
  • 1 poivron jaune
  • 2 oignons nouveaux
  • 20cl de crème fraîche
  • 1 cuillère à soupe de vinaigre de cidre
  • huile d'olive
  • 1 cuillère à café de paprika
  • sel, poivre

Laver et détailler les poivrons en petits dés. Hachez finement les oignons nouveaux. Dans une casserole, faire chauffer une cuillère à soupe d'huile d'olive et y faire blondir poivrons et oignons pendant 10 minutes, si besoin à couvert.

Dans une poêle, faire chauffer deux cuillères à soupe d'huile d'olive et saisir les pavés de saumon, 5 minutes d'un côté, 5 minutes de l'autre.

Saupoudrer le mélange poivrons-oignons de paprika. Ajouter le vinaigre et la crème et faire cuire 10 minutes à feu moyen.

On peut servir cette sauce sur le saumon avec un peu de riz thaï.

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