vendredi 19 juin 2009

"Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" d'Harper Lee



Oups! Je vois qu'on s'inquiète. Non, non, Jolie Princesse n'a pas encore pointé le bout de son nez. Elle laisse sa maman livre à loisir. D'ailleurs, merci au planificateur de billets qui va me permettre de vous conter mes dernières aventures littéraires la semaine prochaine alors que je serai amener à délaisser mon PC! ;)
"Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" a pris place dans ma bibliothèque par hasard. Ce printemps, ma maman est venu en vacances avec ce livre sous le bras, l'a fini ici et me l'a laissé. Je crois que je n'aurais jamais fait le pas vers ce récit. Et cela aurait été dommage.


Couronné du prix Pulitzer en 1961, ce roman fait écho à la lutte pour les droits civiques des Noirs aux Etats-Unis. L'histoire est simple: "Dans une petite ville d'Alabama, à l'époque de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Avocat intègre et rigoureux, il est commis d'office pour défendre un Noir accusé d'avoir violé une Blanche." Outre son humanisme et sa pertinence, il séduit également par l'oeil porté sur le récit. En effet, c'est Scout, petite fille âgée de 7 ans, qui raconte l'histoire. Avec ses yeux d'enfants, le langage est simple, les souvenirs vivaces, les sentiments forts. Ce livre peut être mis entre toutes les mains, entre 10 et 90 ans, si j'ose dire. On peut le lire enfant, le prendre pour un roman initiatique et le reprendre des années plus tard, et comprendre sa portée politique à l'époque où il a été écrit. Ajoutez à cela que l'écriture est vive, qu'il se lit avec délice et vous comprendrez qu'il peut faire un parfait compagnon de vacances, pour ne pas bronzer idiot!


Voici un petit extrait: la nouvelle se repend qu'Atticus va défendre un Noir:


- Tu vas retirer ça, et vite!
Cet ordre que je donnai à Cecil Jacobs marqua le début d'une période pénible pour Jem et moi. Les poings serrés, j'étais prête à le frapper. Atticus m'avait promis que, s'il apprenait que je m'étais encore battue, il me ferait définitivement passer l'envie de recommencer; j'étais beaucoup trop grande pour m'adonner à de tels enfantillages et plus vite j'apprendrais à me contenir mieux ce serait pour tout le monde. Cela me sortit vite de la tête.
Ce fut la faute de Cecil Jacobs. La veille, il avait annoncé dans la cour de récréation que le père de Scout Finch défendait les nègres. Je niai, mais en parlai à Jem.
- Qu'est-ce qu'il voulait dire? demandai-je.
- Rien. Interroge Atticus, tu verras.
Ce que je fis le soir même.
- Tu défends les nègres, Atticus? lui demandai-je le soir même.
- Bien sûr. Ne dis pas "nègre", Scout, c'est vulgaire.
- Tout le monde dit ça, à l'école.
- Désormais, ce sera tout le monde sauf toi...
- Eh bien, si tu ne veux pas que je parle de cette manière, pourquoi m'envoies-tu à l'école?
Mon père me regarda, l'air amusé. Malgré notre compromis, depuis la dose que j'avais absorbée le premier jour, j'avais poursuivi, sous une forme ou une autre, ma campagne contre l'école: au début du mois de septembre, j'avais été frappée de faiblesses, de vertiges, de difficultés gastriques. J'allai jusqu'à payer dix cents le privilège de me frotter la tête contre celle du fils de la cuisinière de Miss Rachel qui souffrait d'une teigne spectaculaire. Mais cela ne prit pas.
J'avais cependant une autre occupation:
- Tous les avocats défendent les n... Noirs, Atticus?
- Bien sûr que oui, Scout.
- Alors pourquoi Cecil a-t-il dit que tu défendais les nègres? On aurait cru que tu faisais quelque chose d'illégal.
Atticus poussa un soupir.
- C'est simplement que je défends un Noir du nom de Tom Robinson. Il habite ce petit quartier qui se trouve au-delà de la décharge publique. Il fait partie de l'église de Calpurnia et elle connaît bien sa famille. Elle dit que ce sont des gens honnêtes. Tu n'es pas assez grande pour comprendre certaines choses, mais d'aucuns prétendent, dans cette ville, que je ne devrais pas me fatiguer à défendre cet homme. C'est un cas spécial, le procès n'aura pas lieu avant la session d'été. John Taylor a eu la gentillesse de nous accorder un report...
- Si tu ne devrais pas le défendre, pourquoi le fais-tu quand même?
- Pour plusieurs raisons, dit Atticus? La principale étant que si je ne le faisais pas je ne pourrais plus marcher la tête droite, ni représenter ce comté à la Chambre des représentants, ni même vous interdire quoi que ce soit à Jem ou à toi.
- Alors, si tu défendais pas cet homme, Jem et moi on n'aurait plus besoin de t'écouter?
- C'est à peu près cela.
- Pourquoi?
- Parce que je ne pourrais plus vous demander de faire attention à ce que je vous dis. Vois-tu Scout, il se présente au moins une fois dans la vie d'un avocat une affaire qui le touche personnellement. Je crois que mon tour vient d'arriver. Tu entendras peut-être de vilaines remarques dessus, à l'école, mais je te demande une faveur: garde la tête haute et ne te sers pas de tes poings. Quoi que l'on te dise, ne te laisse pas emporter. Pour une fois, tâche de te battre avec ta tête... elle est bonne, même si elle est un peu dure.
- On va gagner, Atticus?
- Non, ma chérie.
- Alors pourquoi...
- Ce n'est pas parce qu'on est battu d'avance qu'il ne faut pas essayer de gagner.
- Tu parles comme le cousin Ike Finch, dis-je.

2 commentaires:

Isa a dit…

Je ne connaissais pas du tout ce livre alors qu'à priori la littérature américaine c'est mon truc !
JE crois que je vais courir à Cultura à la pause déjeuner .. ton billet m'a ouvert l'appétit ;)

Aneth and Co a dit…

@ Isa: j'ai vraiment apprécié ce roman