samedi 28 février 2009

"Les yeux jaunes des crocodiles" de Katherine Pancol


C'est dur. Très dur. De refermer un roman qu'on a aimé. Dont on a aimé les personnages, qu'on aimerait suivre, dans d'autres aventures. Un roman n'est pas seulement une belle écriture, un bon scénario. Un roman c'est aussi des personnages attachants ou détestables, vivants, remuants, actifs.


Je ne connaissais pas Katherine Pancol (du moins pas autrement que de nom) et si on ne m'avait pas offert son livre, je crois que je ne l'aurais jamais acheté. Mais je n'ai pas été déçue. Il est des livres que j'ai du mal à refermer le soir, que je voudrais lire d'une traite sans jamais les voir se finir.


C'est une histoire d'hommes et de femmes. De femmes surtout. Des jeunes et des vieilles. Des bonnes et des mauvaises.


Il y a des moments et des personnages gavaldiens:

Et c'était, il est vrai, un spectacle étrange que ces deux femmes, dans la cuisine au milieu des casseroles qui fumaient, des couvercles qui tressautaient, l'une, les reins ceints d'un large tablier, le dos droit, serrant un moulin à café entre ses longues cuisses, et l'autre chiffonnée, rouge, enroulée sur elle-même, se recroquevillant au fur et à mesure qu'elle parlait... pour ne plus parler du tout, et finir par s'effondrer sur la table et pleurer, pleurer pendant que l'autre la regardait navrée, puis étendait une main et lui caressait la tête comme on fait à un bébé pour le rassurer.


C'est aussi une histoire de haine-amour entre une mère et sa fille...


Elle se mit à parler sans trembler. Elle leur répéta ce que tous les manuels de psychologie conseillent aux parents de dire quand il y a une séparation. Papa aime maman. Mama aime papa. Papa et Maman aiment Hortense et Zoé mais Papa et Maman n'arrivent plus à vivre ensemble, alors Papa et Maman se séparent. Mais Papa aimera toujours Hortense et Zoé et il sera toujours là pour elles, toujours. Elle avait l'impression qu'elle parlait de gens qu'elle ne connaissait pas.

- A mon avis, il n'est pas parti très loin, déclara Hortense d'une petite voix pincée. Quelle déchéance! Faut-il qu'il soit perdu et qu'il ne sache plus quoi faire!

Elle soupira, reposa d'un air contrarié la frite qu'elle était sur le point de croquer et, regardant sa mère, elle ajouta:

- Ma pauvre maman, que vas-tu faire?

Joséphine se sentit pitoyable, mais elle fut soulagée de recevoir une preuve de commisération de sa fille aînée. Elle aurait aimé qu'Hortense poursuive sa tirade et la console mais elle se reprit vite: c'était à elle de l'enlacer. Elle tendit un bras vers Hortense qui lui caressa la main à travers la table.

- Ma pauvre maman, ma pauvre maman..., soupira Hortense.

- Vous vous êtes disputés? demande Zoé, les yeux remplis d'effroi.

- Non, ma chéri, on a pris cette décision comme deux grandes personnes responsables. [...]

- Et il reviendra alors, dis maman, il reviendra?

- Ne dis pas de bêtises, Zoé, l'interrompit Hortense. Papa est parti, point barre. Et pas pour revenir, si tu veux mon avis? Quant à moi, je ne comprends pas... C'est une pouffe, rien d'autre!

[...]

- Comment es-tu au courant? demanda Jospéhine à Hortense.

- Au courant de quoi?

- Au courant de... cette femme.

- Enfin... maman. Tout le quartier le sait! J'étais gênée pour toi! Je me demandais comment tu faisais pour ne rien voir...

- Je savais mais je fermais les yeux...

Ce n'était pas vrai. Elle l'avait appris, la veille, par sa voisine de palier, Shirley, qui avait eu les mêmes arguments que sa fille "enfin, Joséphine, ouvre les yeux, merde! T'es cocue et tu ne bronches pas! Réveille-toi! Même la boulangère se retient de sourire quand elle te tend ta baguette!"

- Qui t'a mise au courant? insista Joséphine.

Le regard que lui lança alors Hortense le glaça. C'était un regard froid, plein de mépris de la femme qui sait envers celle qui en sait pas, le regard d'une courtisane avertie pour une petite cruche.

- Ma pauvre maman, ouvre les yeux. T'as vu comment tu t'habilles? Comment t'es coiffée? Tu te laisses complètment aller. Pas étonnant qu'il soit allé voir ailleurs! Il serait grand temps que tu quittes le Moyen Âge pour vivre à notre époque.

Et il y a une suite paraîl-il. "La Valse lente des tortues"... Je cours à la librairie...


Note: et en plus j'aime bien son blog (sur son site).
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vendredi 27 février 2009

Si facile...



Le dernier numéro de Saveurs m'inspire. Pour ses coquillettes au jambon. Sa lotte au lard croustillant (ou quelque chose comme ça). Ses idées de weekend à Bruges. Ses muffins divers et variés. Et cette petite recette simple et goûteuse... quand on ne se laisse pas divertir en fin de parcours!





Fars aux pruneaux caramélisés
(pour 6 ramequins)



  • 18 pruneaux dénoyautés
  • 5 oeufs
  • 45cL de lait entier
  • 80g de farine
  • 100g de sucre blanc en poudre
  • 1 cuillère à soupe de sucre roux
  • 1 pincée de sel
  • un peu de beurre

Tiédir le lait. Préchauffer le four à 180°C (thermostat 6).

Dans un saladier, mettre la farine, le sel, le sucre en poudre et mélanger. AJouter les oeufs jusqu'à obtenir une pâte homogène. Ajouter le lait.

Beurrer 6 ramequins qui vont au four, y mettre 3 pruneaux dans chacun et verser dessus la pâte liquide. Ne pas les remplir plus haut que les 3/4.

Enfourner et cuire 25 minutes.


Sortir les ramequins du four et saupoudrer le dessus avec le sucre roux. Ajouter une noisette de beurre.


Mettre le four en position grill et replacer les ramequins 1 à 2 minutes pour caraméliser... sans brûler comme pour le dernier survivant qui a servi à la photo! Mais le temps que je sorte l'appareil, les autres étaient mangés. C'est dire si c'est bon!!!






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jeudi 26 février 2009

Telle mère, telle fille

Je ne sais pas si on dira un jour ça de moi. Ca dans le sens "tiens sa fille est comme elle!". Dans tous les cas, je ne l'avais jamais imaginé. Pas jusqu'à hier matin en fait.

J'ai fait mon échographie du 5ème mois. Et même si tout le monde était persuadée que pour tenir compagnie à Petit Bonhomme, il fallait obligatoirement une petite soeur, je n'avais pas réussi à mettre un visage, une silhouette définie sur ce bébé. Maintenant je peux. Et des tas de choses se bousculent dans ma tête.

Déjà, je l'extrapole. La personnifie. La concrétise dans mon esprit. Ensuite, j'imagine ma relation avec elle. Tumultueuse, sans doute. Complice aussi, j'espère. Je voudrais lui transmettre des choses. Des valeurs certes, comme à son frère. Mais ma part de féminité surtout. Et lui donner une place parmi les femmes de la famille. Celles qui, nombreuses, ont fait que je suis aujourd'hui indépendante, amoureuse, mère, rêveuse. Que je suis moi.

Toutes les familles ont leur histoire. La mienne, les miennes devrais-je dire, celle de mon père et celle de ma mère, les miennes donc ne sont pas une histoire de femmes. Mais les femmes y ont une place majeure. Elles ont du caractère, elles sont aimées, les hommes ne les ont (je crois) jamais écrasées.

Voici les premiers sentiments que j'ai eu quand j'ai su que je portais une petite fille. Il faudra que je m'en souvienne dans quelques années...
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mercredi 25 février 2009

Pourquoi?

Pourquoi écrire? Pourquoi écrire un blog?

Le Prince Charmant s'énerve parfois quand je photographie ce que l'on mange, quand je disparais sans crier gare au moment de mettre la table. Alors je lui explique. Les mots sont là, juste là. Si je les laisse filer, ils ne reviendront plus. L'esprit mouline, on ne le sent pas et tout d'un coup, tout est là. Et il faut le courage de les mettre en forme comme le dit Anne-So de Cachemire et Soie. De sortir un stylo ou un clavier et de leur donner vie. Pour soi, pour les autres. Je ne peux pas prétendre écrire beaucoup. Mais j'ai toujours écrit. Tout et rien. Ma petite vie. Des lettres à des amies. A ma meilleure amie. Des e-mails ensuite.
Aujourd'hui c'est un blog. Demain?

lundi 23 février 2009

Miam express

J'ai un livre culte*. Un livre de cuisine j'entends. Un livre qui me sauve la mise à chaque fois, quand je n'ai pas de temps. Le soir en famille ou le weekend quand je reçois. La semaine dernière, j'avais ma belle-soeur-à-l'éternelle-veste à déjeuner. Je sais qu'elle aime ce qui est exotique. Je sais que j'avais besoin de repos. Cette recette-là a été du plus bel effet...


Poulet curry-coco

(pour 4 personnes)



  • 4 blancs de poulet
  • 1 oignon
  • 1 échalote
  • 2 cuillères à café de curry
  • 20cL de lait de coco
  • 3 cuillères à souple de crème liquide
  • 225g d'ananas au sirop
  • huile d'olives, sel, poivre

Couper le poulet en petits morceaux. Eplucher oignon et échalote et les couper finement. Les faire revenir dans l'huile d'olives 3 à 4 minutes.


Ajouter le poulet, saler et poivrer. Ajouter le curry et remuer 30 secondes. Puis verser le lait de coco et la crème liquide. Laisser cuire 10 minutes.


Couper l'ananas en morceaux et l'ajouter au reste avec deux cuillères à soupe de sirop. Laisser cuire à nouveau 10 minutes.


Servir bien chaud avec du riz basmati.



* "Cuisine express" chez Hachette pratique.


dimanche 22 février 2009

L'Homme est plein de contradictions

Depuis quelques temps, le samedi matin est un double enchantement: c'est le début du weekend (mais ce n'est pas nouveau, n'est-ce pas?) et j'ai mon Elle dans ma boîte aux lettres à l'heure du petit déjeuner!


Hier n'a pas dérogé à la règle. J'ai reçu le Elle de la semaine, "spécial vert", en papier recyclé et tout et tout. Le numéro est intéressant. Pas transcendant non plus. Il ne faut rien exagérer. Mais la démarche est à souligner, mercantile sans doute mais à souligner.
J'aurais juste aimé, comme l'a suggéré le Prince Charmant, qu'ils ne nous gavent pas de pubs de luxe comme toutes les semaines, qu'ils soient un peu moins consuméristes... Qu'ils nous parlent aussi d'agriculture biologique, pour casser les idées reçues. Qu'ils nous disent que non, être agriculteur bio aujourd'hui ne signifie pas être éleveur de chèvre sur le plateau du Larzac, que leur garde-robe ne se limite pas au duo chaussettes-Birkenstock et au gilet en poils de mouton. Qu'ils nous expliquent que si le prix des produits bio est si cher, c'est surtout parce qu'il n'y a pas assez de production en France. Que croire au bio (et au commerce équitable, pas assez mis en avant) n'est pas un dogme. Qu'il ne faut pas forcément être bobo (que je hais cette expression! comme si c'était une insulte!) mais plutôt conscient de sa place sur terre simplement, dans la chaîne alimentaire (souvenez-vous, vos cours de 6ème...).
L'an prochain, peut-être?


samedi 21 février 2009

Petit plaisir égoïste

S'il y a quelquechose que j'aime par-dessus tout, c'est aller chez le fleuriste. C'est très bête à dire, mais me promener dans la boutique, contempler les pétales, les couleurs, les arrangements est un délice. Et retrouver les matières délicates ensuite à la maison, me comble. Je ne conçois pas de joli intérieur sans bouquet de fleurs.


Sans doute mes parents n'y sont pas étrangers. Maman avec ses roses, pivoines, iris du jardin. Papa avec les bouquets qu'il lui offre presque toujours quand il revient du marché.


Pourtant, en hiver, j'ai des difficultés à trouver mon bonheur. Rien ne me satisfait. Je ne suis pas dans le bon état d'esprit.


Alors quand les premières tulipes pointent le bout de leur nez, et avec elles, les premières envies de printemps, je succombe à la tentation...


vendredi 20 février 2009

Muffins 1 - Aneth 0

Je suis folle de muffins. Oui, je l'avoue en ce moment, je ne ferais que des muffins. Et ce n'est pas le numéro de février-mars de Saveurs qui va m'en dissuader. Et mon point faible reste le muffin à la myrtille. Mmm! quand mon panier m'en a fourni une belle barquette cet été, j'y ai songé et les ai gardé au congélateur pour nos petits matins d'hiver. Voici une recette qui allie moelleux et parfum. Un délice avec un bon thé chaud...

MUFFINS AUX MYRTILLES

  • 300g de myrtilles (fraîches ou surgelées)
  • 220g de sucre en poudre
  • 120g de beurre ramolli
  • 1 yaourt nature
  • 2 oeufs
  • 250g de farine type 65
  • 1 sachet de levure chimique

Préchauffer le four à 200°C (thermostat 7).

Dans un saladier, mélanger le beurre et le sucre jusqu'à ce que le mélange blanchisse. Puis ajouter le yaourt, les oeufs, la farine et la levure. Mélanger jusqu'à obtenir une pâte lisse. Ajouter les myrtilles et mélanger délicatement.

Laisser la pâte reposer à température ambiante 10 minutes pour que la levure commence à devenir active.

Pendant ce temps, beurrer les moules à muffins. Les remplir et enfourner 20 minutes pour obtenir des muffins blonds.

Laisser tiédir avant de démouler.

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mardi 17 février 2009

L'histoire de la petite veste


En écoutant ma belle soeur hier, me raconter l'histoire de sa petite veste, reçue pour son certif' il y a quelques années déjà (!) et pourtant perçue du dernier cri par son entourage, j'ai compris pourquoi notre maison est déjà prête à déborder alors que nous n'y habitons que depuis quatre ans. Je ne sais pas jeter. J'ai une passion pour les objets qui ont une histoire. Et plus encore pour les vêtements qui me racontent mon histoire. Quelle émotion de retrouver ce chemisier que Maman portait quand elle a rencontré Papa, d'assortir mon dernier col roulé au petit pull tricoté par mon arrière-grand-mère et bientôt, reporter la robe de grossesse dans laquelle j'ai été attendue.

Si mon prochain bébé est une fille (je le saurais bientôt), j'espère qu'elle conservera certaines choses, qu'elle les affectionnera autant que moi. Qu'elle comprendra que la mode est un éternel recommencement et que quelques belles pièces, qu'on ressort régulièrement, sont parfois plus importantes que l'accumulation de gadgets d'avant-garde.

En attendant, il me faut trouver des placards à agrandir...





photos: domino mag
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jeudi 12 février 2009

Brève du soir

Je voulais vous faire partager une jolie chanson, entendue ce soir, au soleil couchant. Une chanson douce, d'une artiste que j'aime beaucoup. Mais http://www.deezer.com/ a décidé de ne plus proposer de lecteur exportable vers les blogs... Je suis un peu furieuse, très malheureuse. Il va falloir que je trouve une solution...
Pour l'instant je n'ai que ça à vous proposer. Merci Pénélope Jolicoeur! mais comme le site en anglophone, ma chanson, de la même artiste, n'est pas encore disponible. Triple Snif!
Note du 23 février 2009:
ouf, je viens de retrouver mon Deezer. Malheureusement, la chanson "La Photographie" d'Emily Loizeau ne fonctionne pas. Mais je ne désespère pas....

mardi 10 février 2009

"Rien de bien malin"

On m'a reparlé récemment de cette chanson. Et j'ai pensé: "ah oui, elle était bien...". Et depuis, elle ne me quitte plus. Comme il y a 20 ans.


Parce qu'elle fait partie, selon moi du meilleur album de Jean-Jacuqes Goldmann. Celui qui m'a suivi pendant si longtemps. Celui que je connais par coeur. Et que pourtant, je n'écoute plus, à tort, parce que je suis la seule à l'aimer à la maison.


Parce qu'elle parle d'un lieu qui n'a "rien de bien malin". Comme les bords du Canal du Midi, avec l'eau et ses platanes, leurs feuilles qui font miroter le soleil et qui dansent sous le vent. Comme le mois d'avril là-bas, dans ce coin du Languedoc, où parce que l'air est frais et peu dense, le ciel a une couleur bleue comme à aucun autre moment de l'année. Comme ce plat qui ne peut se manger qu'aux environs de Pâques et que je rêve de faire découvrir au Prince Charmant: des morceaux de foie de porc conservé dans l'huile, des oeufs durs et des petits artichauts, cueillis si petits et si frais qu'on peut les manger en salade, le plus simplement du monde finalement.


Vous voyez, "rien de bien malin"...





Merci à toi de m'avoir replongée dans cette chanson...
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dimanche 8 février 2009

Tordre le cou à l''hiver!

Après le pluie de ces derniers jours, il fallait trouver un antidote à la grisaille. J'avais envie d'une douceur pour le goûter ou le petit déjeuner. Et vous savez (ou vous ne savez pas) qu'une envie de femme enceinte est tenace.
Ce matin, Petit Bonhomme a été ravi de tenir le fouet et de manier le pillon avec moi:

OTTER'S CAKE
(cake aux noix, raisins secs et cannelle)

  • 4 oeufs
  • 250g de sucre en poudre
  • 250g de raisins secs
  • 15cl de marc de raisins
  • 250g de farine
  • 1 cuillère à café de cannelle
  • 125g de noix sans les coquilles
  • 1 cuillère à café de levure chimique
  • une noisette de beurre

La veille, faire macérer les raisins dans le marc en complétant avec de l'eau tiède. Les raisins doivent être entièrement recouverts.

Le jour même, préchauffer le four à 150°C (thermostat 5). Egoutter les raisins. Concasser les noix en morceaux grossiers. Beurrer un moule à cake.

Battre les oeufs avec le sucre jusqu'à ce que le mélange blanchisse. Ajouter doucement la farine, la levure, la cannelle, puis les raisins et les noix.

Verser la pâte dans le four et faire cuire 45 minutes.

(Ne cherchez rien de mystique dans le nom de ce cake, c'est juste un hommage à la personne qui m'a appris la recette)

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mercredi 4 février 2009

"L'homme à l'envers" de Fred Vargas


Ses romans sont une drogue, comme vous le savez déjà. Et la personnalité de Jean-Baptiste Adamsberg, son personnage principal (le mot "héros" lui convient mal, me semble-t-il), n'y est pas étrangère.




Ce nouvel opus, tombé entre mes mains par hasard, m'a un peu décontenancé dans sa première partie. L'absence du commissaire et de son adjoint Danglard a créé un manque. Et finalement l'intrigue n'est pas exactement à la hauteur. La trame classique de l'étau qui se resserre sur un suspect pour finalement exploser et braquer ses feux sur un autre personnage, est assez répendue. Je déconseillerai donc de commencer à lire Fred Vargas en commençant par celui-ci. Pourtant, il n'est pas sans intérêt pour l'éclairage qu'il offre au personnage de Camille, à sa place dans la vie d'Adamsberg. Il a remis en place certaines pièces du puzzle pour moi qui n'ai pas lu tous les romans et surtout, pas dans leur ordre chronologique.




J'ai aimé cet extrait, qui montre une Camille aussi "loufoque" que son grand amour et qui éclaire, a posteriori, sur la personne de Lawrence.



Camille prit un bâton ferré et le Catalogue de l'Outillage Professionnel? C'était le genre de truc qu'elle aimait feuilleter par-dessus tout à l'occasion de moments privilégiés, au petit déjeuner, à l'heure du café, ou n'importe quand lorsque son humeur chancelait. Hormis cela, Camille avait des lectures à peu près normales.


Ce penchant pour les matériaux et techniques indisposait Lawrence qui avait jeté d'autorité le Catalogue à la poubelle, parmi d'autres prospectus publicitaires. Cela lui suffisait que Camille soit plombier sans qu'elle convoite en outre l'équipement de tous les autres corps de métier. Camille l'avait récupéré, un peu taché, sans en faire une histoire. L'espérance excessive que Lawrence plaçait en toutes les femmes le portait paradoxalement au conformisme: il les logeait à un étage supérieur de la création, leur attribuant la capacité de dominer la réalité instinctive, leur confiant la charge de hisser les hommes hors de la matière frustre. Il les voulait sublimes et non pas communes, il les espérait presque immatérielles et non pas pragmatiques. Une idéalisation tout à fait incompatible avec le Catalogue de l'Outillage Professionnel. Camille reconnaissait à Lawrence son droit légitime à rêver mais s'estimait tout autant fondée à aimer les outils, comme n'importe quel connard, aurait dit Suzanne.


[...]


Elle sortit l'eau, le pain, le catalogue. C'était un catalogue très complet, avec des sous-parties sur l'air comprimé, le soudage, les échafaudages, le levage et des tas de rubriques prometteuses de cette sorte. Camille lisait tout, y compris les descriptifs les plus détaillés comme Débroussailleuse thermique 1,1 Cv Barre anti-recul Transmission rigide antivibrée avec renvoi Allumage électronique Poids 5,6 kg. Ce genre de notice, dont ces catalogues fourmillaient, lui apportait un vif contentement intellectuel - comprendre l'objet, son agencement, son efficacité - en même temps qu'une satisfaction lyrique intense. S'ajoutait le rêve sous-jacent de résoudre tous les problèmes planétaires avec le Tour combiné fraiseuse ou la Clef de mandrin universelle. Le catalogue, c'était l'espérance de contrer par la force combinée à la ruse tous les emmerdements de l'existence. Espérance fallacieuse, certes, mais espérance tout de même. Camille puisait ainsi son énergie vitale à deux sources: la composition musicale et le Catalogue de l'Outillage Professionnel. Dix ans plus tôt, elle comptait aussi sur l'amour, mais elle en avait beaucoup rabattu sur ce vieux truc rabâché de l'amour. L'amour donnait des ailes pour vous scier les jambes, ça ne valait donc pas trop le coup. Beaucoup moins le coup qu'un Cric hydraulique 10 tonnes, par exemple. En gros, avec l'amour, si vous n'aimiez pas quelqu'un, il restait, et si vous aimiez quelqu'un, il s'en allait. Un système simple, sans surprise, qui engendrait immaquablement un grand ennui ou une catastrophe. Tout cela pour vingt jours d'émerveillement, non, ça ne valait pas le coup. L'amour qui dure, l'amour qui fonde, l'amour qui fortifie, anoblit, sanctifie, épure et répare, enfin tout ce qu'on s'imagine sur l'amour avant d'avoir vraiment essayé de se servir du truc, c'était une foutaise. Voilà où Camille, après de longues années d'essayages, après pas mal de déboires et une rude détresse, en était arrivée. Une foutaise, une duperie pour naïfs, une trouvaille pour narcissiques. Autant dire que Camille était devenue, en ce qui regardait l'amour, une semi-dure à cuire et elle n'en éprouvait ni regret ni satisfaction. Avoir tenu le coup à la cuisson ne l'empêchait pas d'aimer Lawrence avec sincérité à son idée. De l'apprécier, de l'admirer même, de se chauffer contre lui. En aucune façon d'espérer quoi que ce soit. Camille n'avait gardé de l'amour que les envies immédiates et les sentiments à courte portée, emmurant tout idéal, toute espérance, toute grandeur. Elle n'attendait presque rien de presque personne. Elle ne savait plus aimer qu'ainsi dans un état d'esprit profiteur et bienveillant, touchant aux limites de l'indifférence.



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lundi 2 février 2009


photos: 1. Printemps !!!, 2. Tulipe au printemps en Amérique du Nord, 3. Fleurs d'oxalis, 4. Petit bourgeon deviendra grand !!

Quand l'air se fait doux, comme certains après-midi de la semaine dernière, on se dit que le printemps sera finalement bientôt là... Alors, ce petit air me trotte dans la tête:





Bonne semaine!
Edit de 18:43: ironie du sort. J'avais envie de cette note pour commencer la semaine et je me suis réveillée ce matin avec 10cm de neige!!!!! ;)
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